Fontaine-Lestang, l'école qui peut en cacher une autre
(Photo La Dépêche)
« C’est quoi déjà le numéro de rue de l’école élémentaire ? », s’écrie un père de famille pressé qui passe en voiture dans le quartier de Fontaine-Lestang, rive gauche de la Garonne. Les habitudes ont la dent dure : sa fille Sabrina, qui a fait toute sa maternelle dans l’établissement du quartier va découvrir l’école élémentaire, située deux rues plus loin. Mais visiblement, le papa ne maîtrise pas encore le trajet. A Etienne Billières la faute : maire de Toulouse dans les années 30, il a donné son nom à la fois au collège et à la maternelle. Une école peut donc en cacher une autre ! En marge de l’enseignement général, ces deux établissements – 400 élèves à eux deux – abritent en leur sein bien des initiatives.
Mathilde, 21 ans, assistante sociale « en poste depuis février », travaille dans les locaux des primaires pour l’association de sauvegarde des enfants invalides (ASEI), « état dans l’état » et « école spécialisée dans l’intégration collective ». L’attentive jeune femme s’occupe « de deux classes à effectif réduit d’enfants regroupés en fonction de leur handicap. A Etienne-Billières, nous travaillons avec des dysphasiques (atteints de troubles de la compréhension et de l’expression) et des sourds ». L’ASEI, née dans les années 50 entre Ramonville et Toulouse « est présente dans toute la Haute-Garonne, mais aussi un peu partout en France », explique Murielle, une éducatrice spécialisée. « Notre présence dans ces locaux permet aux enfants dont nous nous occupons de fréquenter ponctuellement un cadre scolaire…et les autres élèves ». Et professionnellement ? « Nous fréquentons davantage les familles, les psychomotriciens et les psychologues que nos collègues du primaire » admettent les deux employées de l’ASEI.
La riche histoire de l’école primaire Etienne-Billières plane toujours sur le quartier. Depuis les années 1920, l’établissement a accueilli des réfugiés belges, espagnols, italiens...et caché des juifs pendant la guerre. « L’école est un peu le lien entre toutes ces initiatives », explique Caroline, directrice du primaire. « En 2006 et 2007, les habitants, l’école et le Réseau Education sans Frontières se sont mobilisés pour deux affaires de sans-papiers ». En refusant de livrer des enfants aux dangers de pays d’origine de leurs parents. Décidément, l'établissement ne connaît qu’une seule école : celle de la solidarité.