Au Carrefour des promesses non tenues

Au supermarché, quand il y a un monde infernal à la caisse, il y a souvent des pancartes pour rendre l'attente moins douleureuse aux clients. L'affichette qui dit " Caisse pour les clients à moins de dix articles " permet de rester zen, surtout quand on voit que les gens devant nous ont entre 13 et 18 produits dans leur panier...
Il y a aussi la fameuse " On vous rembourse dix fois la différence, si vous trouvez moins cher ailleurs ". Franchement, vous avez déjà vu quelqu'un se radiner du supermarché voisin, avec son paquet de Figolu à moitié entamé, pour réclamer la différence ?
Je n'oublie pas l'écriteau fourbe " Emportez maintenant, payez en janvier ", qui laisse croire - l'espace de quelques secondes - aux pauvres que Papa Noël va leur apporter une Mastercard pour les fêtes...
Nullement calmé, je repense aux promesses écrites en pattes de mouches sur les vieux paquets de gâteaux. " Si vous n'êtes pas satisfait de ce produit, renvoyez-le nous en recommandé avec accusé de réception, dans son emballage d'origine et avec le prix du produit souligné, et vous serez remboursé sous six semaines... ". Au moins, à l'époque, ils prenaient pas les gens pour des cons en affichant en énorme des promesses qu'il ne pouvaient pas tenir. Si Internet avait existé dans les années 80, il y aurait bien eu plusieurs dizaines de milliers d'imbéciles à vouloir se faire rembourser en même temps. De quoi faire fondre une trésorerie... Comme quoi, ensemble, tout est possible.

Je réfléchissais comme un dingue mais j'étais toujours dans la file du Carrefour, les sacs plein à craquer aux pieds. Quatre clients devant moi, deux caisses pas ouvertes. Je lève les yeux. Un écriteau miracle me dit " Plus de 2 clients devant vous ? Toutes les caisses ne sont pas déjà ouvertes, vous pouvez demander l'ouverture d'une caisse supplémentaire. " Alors c'est vrai, vous feriez ça pour moi ? " Et si nous n'y arrivons pas en moins de trois minutes, nous vous offrons un bon d'achat de 3 €. " Le positif est de retour, qu'on vous dit !
Ni une, ni deux, j'abandonne mes sacs à même le sol, je vais voir la caissière en haut de ma file. " Bonsoir madame, c'est possible d'ouvrir une nouvelle caisse s'il vous plaît ? ". Pour ça, faut aller demander à l'accueil, qu'on me répond. A l'autre bout du magasin. Avec vingt kilos de bouffe sur les bras. Et en perdant ma place dans la file sans être sur d'obtenir ce que je demande.
Monde de merde.
Carrefour Market de la Gare Saint-Jean, à Bordeaux (33).