Pour taper le carton, il faut descendre à la cave...

Publié le par Jérôme


Accueillants, pour les  débutants, les espaces de jeux de cartes, de rôle, de plateau ? Il y a deux extrêmes : soit l'on intègre rapidement la communauté, soit l'on vous ignore royalement. Mais entre les deux, il n'y a pas grande alternative. C'est dans cet esprit que l'Auberjeux, niché cours de l'Yser, à Bordeaux, entend " dynamiser la communauté des joueurs girondins ".

 


  « Aucune revanche à prendre par rapport à la fermeture du magasin de mon cousin », assure Vincent Peyroutet, le gérant de l’Auberjeux. « Je n’y étais qu’un employé ! ». Depuis la faillite de JeuxMage’Inn, en 2007, « pour x et y raisons », il y avait une place vacante sur l’échiquier du jeu bordelais. Et aujourd’hui, c’est Vincent le patron. A Bordeaux, dans l’univers du jeu, « ça ne bouge pas beaucoup, et tout le monde reste dans son coin », assure cet ancien de l’événementiel.

Depuis la rentrée, entre mails et coups de téléphone, le jeune homme au rire tonitruant s’efforce d’obtenir reconnaissances et labels pour que son magasin, l'Auberjeux, fasse son nid. Le vendredi soir, les lampadaires sont éteints cours de l’Yser, mais une quinzaine de joueurs en moyenne trouvent leur chemin jusqu’à la petite enseigne jaune.

Ce n'est qu'en pénétrant le magasin qu'on lui trouve des airs de labyrinthe, entre les toilettes à la Trainspotting et l'ancien four de boulanger transformé en présentoir. Le plus intéressant est en bas de l'escalier : une vaste cave qui sent encore la peinture, là où s'alignent les tables de jeu et les parties qui se prolongent dans la nuit. 

L'enseigne est maintenant « référencée dans les magazines de jeux de figurine, ce qui amène tout de suite des consommateurs », explique Christophe, banquier, papa et passionné de figurines. Hasbro, qui édite « Magic : l’assemblée », poule aux œufs d’or du jeu de carte, vient quant à lui d’accorder le niveau Core à la boutique, nécessaire à l’organisation de tournois officiels. Les rares passants à jeter un coup d’œil, on les contredit gentiment : « non, nous ne faisons pas de jeux de rôles »




En haut comme en bas, dans les trois salles – 125 m2 au total –, ça s’agite et ça se répond à grand coups d’exclamations. « C’est comme ça quand on pousse le plomb ou qu’on tape le carton au magasin », explique Renaud, étudiant en sciences. Le magasin attend son autorisation d’enseigne depuis trois mois, mais les projets ne manquent pas dans les cartons : créer un annuaire des joueurs de la région, une ligue bordelaise autour du jeu de football américain futuriste « Blood Bowl », un calendrier harmonisé pour « que les boutiques arrêtent de se marcher sur les pieds ».


Enfin, « l’apéritif ludique », ce sera bière, cidre et sodas pour les joueurs du soir, «  à condition qu’on obtienne la licence pour vendre ces boissons ». En premier lieu commerce que Vincent « doit faire vivre », les intentions du patron sont louables : « faire collaborer les acteurs du jeu, peu importe qu’ils soient de boutiques ou d’association différentes ». Et les festivals, dont on imagine qu’ils rassembleraient les communautés ? Ils sont au nombre de deux. Stratéjeux à Floirac, en périphérie, et le vendredi mensuel de l’association du Grand Parc : des évènements riquiquis pour une ville de la taille de Bordeaux, qui montrent que du chemin reste à parcourir. Ouvrir à un plus large public ces jeux fantastiques auquel la plupart des gens colle une étiquette ? « Oui, mais ce n’est pas possible uniquement dans nos locaux, ou par ma simple volonté », conclut Vincent.

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